Quand les Templiers étaient à Mormant
Le point sur un épisode mal connu.
Né au cours de la première croisade (1095-1099), le site de l’hôpital de Mormant a été confié, dès l’origine à des chanoines de l’Ordre de Saint-Augustin. Mais par suite de difficultés de tous ordres au cours des XIIe et XIIIe siècle, l’évêque de Langres son supérieur spirituel, tentera à plusieurs reprises d’incorporer cet établissement à l’Ordre prestigieux des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, mais toujours sans succès. Il aura même fallu l’intervention de deux papes, Alexandre III en 1175 pour prendre l’établissement sous sa protection directe et Honorius III en 1226 pour tenter de réformer l’hôpital de Mormant en interne, toujours sans succès. Aussi, par une bulle du 7 avril 1300, le pape Boniface VIII, incorpore de force Mormant à l’Ordre du Temple, un Ordre religieux et militaire (fondé en 1118 en Terre Sainte et officialisé par le Pape Honorius II lors du concile de Troyes en 1128) qui était revenu en France après la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291. Pourtant, ce n’est en réalité qu’en août 1302 que le grand visiteur des commanderies du Temple en Occident, Hugues Péraud, rentrera véritablement à Mormant, recevant à cette occasion dans la chapelle saint Nicolas du site aujourd’hui détruite, quatre chanoines de l’Ordre de Saint-Augustin dans l’Ordre du Temple. Malgré leur zèle à continuer de faire fonctionner l’hôpital et de célébrer les fondations pieuses, les Templiers de Mormant comme partout ailleurs furent victimes de l’horrible cabale organisée contre eux par le roi Philippe le Bel. C’est ainsi que neuf d’entre eux seront arrêtés à Mormant au petit matin du 13 octobre 1307 par le bailli chaumontais du roi et le site sera cédé à l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem l’année suivante.
Les templiers mettent en place ce système qui leur est propre et qui a prouvé son efficacité dans une multitude d'autres sites. Leur mission à Mormant se rapproche beaucoup de celle qui était la leur à la création de l'ordre, en 1120 : la garde des voies et chemins et grandes routes de pèlerinage, « contre les brigands, pour le salut des pèlerins ».
La commanderie était gérée par un précepteur, le frère chapelain assurant quant à lui le service divin dans les chapelles, participant à la réception de nouveaux frères et les guidant spirituellement.
À Mormant, comme dans chaque commanderie, on pouvait trouver une chapelle, un logis avec cuisine et réfectoire, un dortoir, une salle du chapitre et des communs, avec plus spécifiquement ici l'hôpital hôtellerie.
En octobre 1307, sur ordre du roi Philippe IV le Bel, les Templiers sont arrêtes et leur procès commencera deux ans plus tard. Un des précepteurs de Mormant, Laurent de Beaune, sera ainsi jugé et subira le supplice du feu aux côtés du grand maître de l'ordre, Jacques de Molay, le 18 mars 1314.
Entre temps, le 2 mai 1312, au regard de la bulle Ad Providam, le pape Clément V ordonne le transfert des biens et terres de l'ordre du Temple à l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Mormant redevient une possession des hospitaliers.
Certains auteurs attribuent la possession de Mormant aux Templiers dès la mise en place de la Milice des Pauvres Chevaliers du Christ, en 1120. Lors du commencement de son procès, Jean de Chateauvillain déclare effectivement avoir été reçu en la maison de Mormant – Domus templi de Mormentum per fratum de Belna, la maison templière de Mormant par frère de Beaune. Cette déclaration mentionne cependant des évènements tardifs dans le temps car les actes de l'abbaye ne mentionnent nul part, entre 1120 et 1135 les termes templi, fratibus, milicie templi, couramment usités chez les templiers.
D'autre part, le témoignage d'un des frères Templiers reçu en cette maison en 1304, interrogé lors d'un procès en 1311, indique à propos de Mormant que les templiers venaient de l'acquérir de novo acquisita lors de son passage.
Histoire du Grands-Prieuré de Champagne
Prieuré de Champagne
Mormant
Cette circonscription, ainsi que ses dépendances, était située dans une enclave de la Bourgogne, elle-même en Champagne et qui depuis 1790, fait partie du département de la Haute-Marne.
Maison du Temple de Mormant; Siège Mormant, qui se trouve sur la commune de Leffond-en-Montagne.
C'est en 1120 et 1135, que Hugues seigneur de Château-Villain, donna des fonds et un moulin aux Templiers pour établir à Mormant une maison avec rang de préceptorie.
Cette Maison est attestée dans les premiers mois du procès par la déclaration du Frère Jean de Château-Villain qui déclara:
Je fus reçu en la Maison de Mormant « Domus Templi de Mormentum per fratrem Laurentium de Belna » Ce Frère Laurent de Belna était le précepteur de Mormant en 1307 et il fut brûlé à Paris en 1310.
Leffond en Montagne
Paroisse, vocable St. Denis. Patron, le grand-prieur de Champagne, doyenné d’Is-en-Bassigny, de la commanderie de Mormant. 140 feux, 500 communiants. Plusieurs métairies. Breviande, hameau détruit; le val des Dames où étaient des religieuses; la forge de Rovilliers sur la Suize, et Ferme du même nom; Mormant, Mormentum, en est l'annexe, de 4 feux, en Bourgogne. Les Châteauvilain y donnèrent leurs fonds aux Templiers en 1135 et 1199, et leur droit sur le moulin en 4276. Cette commanderie fut fondée par Hugues de Mormant en 1120 sous le titre d’abbaye il y avait même, au XIII° siècle un vaste hôpital desservi par des frères et des sœurs qui avaient pour recteur un saint homme nommé Herbert. Enfin cet hôpital et la Préceptorie furent remis, en 1230 , par l'évéque Hugues de Montréal, à Guerin, maître des chevaliers hospitaliers en France. 6 foires à Leffond. A deux lieues et demie d'Arc et du grenier à sel, trois de Chaumont, quatre de Langres, dix de Châtillon.
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Date de dernière mise à jour : 18/12/2024
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