Volume 2" De l'abbé Roussel (Charles-François) édité en 1875.
L’Abbaye de Mormant tirée de "Le diocèse de Langres : histoire et statistique, Volume 2" De l'abbé Roussel (Charles-François) édité en 1875.
Mormant, dit aussi jadis Molment, Mormanium, Molmenium, rassortissait au gouvernement de Bourgogne et au bailliage de Châtillon. C’était autrefois une commanderie, fondée en 1120 par Hugues de Mormant, en faveur des religieux templiers, et dépendant du doyenné d’Is-en-Bassigny. Cette commanderie était située sur la voie romaine de Langres à Bar-sur-Aube, et sur le territoire actuel de Leffonds. Cet établissement remplaçait, dit-on, un hôpital plus ancien, et desservi par des frères et par des sœurs, ainsi que tous les hôpitaux de ces temps reculés. En 1230 la commanderie de Mormant fut cédée aux chevaliers de Rhodes, puis chevaliers de Malte. Cette cession se fit en la personne de Guérin, maître des hospitaliers de France, par l’évêque de Langres, Hugues de Montréal.* "Hugues de Montréal est un religieux français du début du xiiie siècle, évêque de Langres de 1219 jusqu'à sa mort en 1232". En 1135 et 1179, cette commanderie reçut des propriétés des seigneurs de Chateauvillain, qui lui cédèrent encore, en 1276, divers droits sur le moulin. En 1165, Wiard ou Guyard de Reynel, fondateur de plusieurs établissements religieux, donna à la commanderie de Mormant le gagnage d’Estrey, moyennant cinq sous de cens annuel à payer au prieuré de Rimaucourt. Dans la suite ce gagnage fut cédé à la commanderie d’Esnouveaux. La commanderie de Mormant, outre diverses propriétés dans le voisinage, possédait un hôtel et des fonds dans la ville de Dijon. Dès la fondation de la commanderie, on voit à l’hôpital de Mormant des frères et des sœurs ; en 1182 on acheta pour ces dernières une maison à Bar-sur-Aube. En 1225, le commandeur de Mormant reconnu que son couvent dépendait de l’évêque de Langres. En 1302, cette reconnaissance fut confirmée entre l’évêque Jean de Rochefort et le frère Hugues de Proland, visiteur général de l’Ordre, par un acte qui constate que le prélat avait également juridiction sur Beauchemin et les autres commanderies du diocèse. Mormant possédait dans le Bois de Vaivres, sur le territoire de Marac, une forteresse qui fut détruite en 1313, par ordre de Philippe-le-Bel, mais on aperçoit encore les ruines. Les religieux hospitaliers avaient des propriétés, des dimes et des droits divers dans la plupart des villages voisins. Dans la suite, l’hôpital de Mormant avait perdu de son importance, plusieurs colons, qui demeuraient d’abord près de la commanderie, allèrent se fixer à Leffonds, près de la rivière, et les religieux eux-mêmes, délaissant Mormant, qui n’était plus qu’une simple ferme dépendant de Villiers-sur-Suize, allèrent habiter le château et le couvent qu’ils avaient fait construire sur les hauteurs de Leffonds. Dans la seconde moitié du XIII° siècle, Mormant était devenu une abbaye, et il était administré par un abbé, probablement de l’ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin, qui avait souvent, comme on le sait, la direction des maisons hospitalières. Mais cet état de chose dura peu de temps, et l’hôpital de Mormant retourna aux religieux-chevaliers. En 1411, la commanderie de Mormant, comme celle de Langres, était sous la dépendance de la commanderie de la Romagne ; puis en 1543, elle dépendait avec celle de Corgebin, de la commanderie de Thors, près de Bar-sur-Aube. Les supérieurs de Mormant avaient tantôt le titre de commandeur, tantôt celui de maître, qui était inférieur au premier. L’église de Mormant était sous le vocable de Notre-Dame ; cependant une charte de 1231 lui donne le titre de Saint-Nicolas. Ce dernier saint en était probablement patron secondaire. Sous cette église on avait construit des caveaux pour la sépulture des religieux. En 1790, ces caveaux furent ouverts, et on y a remarqué plusieurs tombeaux. L’église ou chapelle de Mormant, de style ogival et dont il reste encore de précieux débris, assez bien conservés, formait trois nefs régulières, que l’on pourrait comparer à l’église de Foulain, si celle-ci n’était pas privée d’un de ses bras ou bas-côtés. On a dans ces derniers temps, formé le dessein de la restaurer pour faire une annexe de Leffonds, en faveur du hameau de Mormant.
* Hugues de Montréal assiste comme pair de France au sacre des rois de France Louis VIII le 6 août 1223 et Louis IX (Saint-Louis)le 29 novembre 1226
Sacre de Louis VIII
Sacre de Saint-Louis
Commandeurs abbés et maîtres de Mormant
1. Herbert, maître de 1120 à 1150 environ, où il meurt en odeur de sainteté. Sous son habile direction, l’hôpital de Mormant, servi par des frères et des sœurs, était très florissant. – 2. Evrard ou Euvrard, maître vers 1150. – 3. Nicolas 1er, en 1157, 1162 et vers 1170. – 4. Guyard ou Viard, en 1176 et 1177. – 5. Réembrand ou Réembaud, en 1184. – 6. Nicolas II, en 1190 et 1194 ; il vivait encore en 1210 où il est dit ancien maître de Mormant. - 7. Colin (Colinus), en 1202 et 1204. Il vendit à l’abbaye d’Auberive la grange ou ferme des Erelles, sise sur le territoire d’Arbot. – 8. Arnaud ou Arnoul, en 1217 et 1221 ; son seau se trouve aux archives de Chaumont. - 9. Guérin en 1225 - 10. André, en 1231 ; il était prêtre ; on faisait son anniversaire à Saint-Mammès le 27 novembre. - 11. Antoine, en 1240. - 12. Jocerin, en 1255. - 13. Laurent, abbé de Mormant en 1257 et 1265.- 14. Amédée, abbé en 1266 et 1296. Il vendit en 1266 plusieurs terres à l’abbaye d’Auberive, pour subvenir aux nécessités de son couvent. - 15. Guy, maître en 1298. Il devait être ainsi que les deux précédents, chanoine régulier de Saint Augustin, car à cette époque il y avait à Mormant, outre les frères et sœurs hospitaliers, des chanoines, comme on le voit par testament d’Etienne de Limoges, qui, en 1300, fait un legs en faveur des chanoines et des frères de Mormant. -16. Jean de Lalandelle, maître de Mormant et de Grosse-Sauve, en 1331. – 17. Girard de Montigny, maître en 1347 et 1348, puis grand-prieur de Champagne. - 18. Hugues Verseaux, commandeur de Mormant et de Lorraine, en 1356. – 19. Nicolas de Villiers-sur-Suize, commandeur en 1364 et 1374. – 20. Nicolas Lescarbot ou Lesclarbot, dit maître et prieur en 1412. – 21. Jean Guidot, maître en 1453. – 22. Pierre de Bosredon, commandeur de la Romagne et de Mormant en 1506 où il meurt à Mormant même, et y est inhumé dans l’église. Son nom se lit encore sur une pierre tumulaire. – 23. Jacques Aymé, commandeur en 1525. – 24. Robert d’Achey, grand prieur de Champagne et maître de Mormant en 1547. - 25. François de Pied-de-fer, commandeur de Beaune, Bure, Epailly, et Mormant en 1560.
Mormant archives évêché (16.28 Ko)
Maison du Temple de Leffonds
Leffond dépendait, avant 1789, de la baronnie d'Arc en Barrois, qui relevait du bailliage de Châtillon, et qui dès le XIIIe siècle appartenait aux Chateauvilain. Le territoire de Leffond, situé à proximité de la commanderie du Temple de Mormant, étant entré au moins pour une bonne partie dans la dotation de cette maison, Simon, fils aîné du sire de Chateauvillain, suzerain du lieu, et le prieur, résolurent d'y fonder un village, et pour y attirer des habitants, ils publièrent, en mai 1285, la charte dont voici l'analyse.
Archives de la Côte d'Or
Maison du Temple de Mormant 52
Département: Haute-Marne, Arrondissement: Chaumont, Canton: Arc-en-Barrois, commune: Leffonds - 52
Maison du Temple de Mormant
Cette circonscription, ainsi que ses dépendances, reposaient sur une enclave de la Bourgogne, dans la Champagne, qui, depuis 1790, fait partie du département de la Haute-Marne. Son siège, Mormant, se trouve situé sur la commune de Leffond-en-Montagne. En 1120 et 1135, Hugues, seigneur de Château-Villain, donna des fonds et un moulin aux Templiers pour les aider à établir à Mormant une maison avec préceptorerie. En 1307, lors du commencement de leur procès, le frère Jean de Château-Villain déclare qu'il fut reçu en la maison de Mormant, « Domus Tempti de Mormentum per fratrem Laurentium de Belna, » précepteur, lequel fut brûlé à Paris eu 1310.
Domaine du Temple de Mormant
Plusieurs fois encore-il est fait mention de cet établissement dans l'instruction du procès.
Procès des Templiers tome 2, MORMENTUM (Domus Templi apud), Trecensis diocesis, page 369.
Sources: César Lavirotte - Mémoire Statistique sur les Etablissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne - Membre de la Société française pour la conservation des Monuments - 1852.
Pocès des Templiers tome II page 369
Item frater Johannes de Castro Villari, etatis triginta annorum, juratus eodem modo de se et aliis in causa fidei dicere veritatem, et
interrogatus de modo et tempore sue recepcionis, dixit per juramentum suum quod fuit receptus apud Mormentum diocesis Trecensis, per fratrem Laurencium de Belna preceptorem dicte domus quatuor anni sunt in festo Magdalene instanti proximo preterito presentibus fratre Juliano capellano dicte domus, et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.
Pocès des Templiers tome II page 531
Domus Templi de Mormentum Lingonensis diocesis
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2 - Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.
Maison du Temple de Mormant
Domaine du Temple de Mormant
Mormant « Mormentum » Les Château-Vilain y donnèrent leurs fonds aux Templiers en 1135 et 1199, leur droit sur le moulin en 1276.
Cette Commanderie fut fondée par Hugues de Mormant en 1120, sous le titre d'Abbaye; il y avait même au XIIIe siècle un vaste Hôpital desservi par des Frères et des Sœurs qui avaient pour Recteur un saint homme nommé Herbert.
Enfin cet Hôpital et la Préceptorerie furent remis en 1230 par l'Evêque Hugues de Montréal à Guerin Maître des Chevaliers Hospitaliers en France.
Sources: Description Historique et Topographique du Duché de Bourgogne - M. DCCC. LXXXI. Dijon.
La commanderie de Mormant, fondée en 1120, dépendait de Voulaines, en Côte-d'Or. Elle présente des restes de fortifications, un hôpital (12e-13e siècle) et une très belle salle capitulaire ornée d'une fresque du 14e siècle. C'est à Mormant que fut reçu le templier Taylafer de Gênes qui avoua avoir renié le Christ et craché sur la croix lors de son initiation, et avoir vu cette fameuse tête magique qui n'était peut-être qu'un reliquaire.
La maison du Temple de Mormant, qui avait chapelle, était du diocèse de Langres, bien qu'elle soit indiquée parfois comme du diocèse de Troyes: « domus de Mormant », « de Mormantio », « in Mormant de Borgondia. »
Mormant était de fondation toute récente en tant que possession du Temple, et les Templiers venaient de l'acquérir « de novo acquisita », ainsi que le raconte l'un d'eux reçu, en 1304, en cette maison.
Un autre, nommé Henri de Faverolles, nous apprend par l'interrogatoire qu'il subit en mars 1311, que lui et d'autres, qui tous étaient convers ou donnés de l'hôpital de Mormant, avaient reçu l'habit du Temple, alors que l'hôpital était devenu maison du Temple, en la chapelle de la maison, des mains de Laurent de Beaune: « [ipse et alii] qui omnes erant conversi seu donati hospitalis de Mormantio, Lingonensis diocesis, cum dictum hospitale pervenisset ad Templarios, fuerunt recepti..... »; c'était en 1301, au temps de l'Avent.
Il y avait donc eu un hôpital à Mormant, et cet hôpital avait été transformé en maison du Temple, très probablement dans le courant de l'année 1300. Cette transformation ne dut pas se faire sans solennité; il est certain que le visiteur de France vint à Mormant cette année même, car deux des Templiers interrogés dans la suite prétendirent avoir été reçus à Mormant, en octobre 1300, par Hue de Perraud en personne, en présence de divers personnages dont le maréchal du Temple, et le chapelain de la maison, frère Julien.
Julien, nommé aussi Julien « de Dinisel », ne fut pas le seul chapelain de la nouvelle maison de Mormant, il y en eut un autre nommé Gautier de Bure, qui fut également infirmier de l'Ordre; quant à Laurent de Beaune, que nous avons dit avoir été le dernier précepteur de la baillie d'Epailly, il aurait été le premier précepteur de la baillie de Mormant, de 1300 à 1304 tout au moins, d'après divers témoignages. Laurent était encore à Mormant à la fin de l'année 1303 et se déplaçait parfois, puisqu'on le trouve, à la Saint-Martin d'hiver, au Temple de Corgebin; son successeur fut peut-être un chevalier nommé Guillaume de Lorraine, qui reçut à Mormant, en 1305, au moment de Pâques.
Précepteurs de Mormant
1300-1303, frère Laurent de Beaune, sergent;
Vers 1305, frère Guillaume de Lorraine, chevalier.
Laurent de Beaune fut ensuite précepteur de la baillie d'Epailly.
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les commissions pontificales des diocèses de France.
Maison du Temple de Mormant
— Morment, ferme sur la commune de Leffonds.
— Maison du Temple, Hôpital puis abbaye.
— Molmentum, 1120 (Gall. Christ., IV col 156)
— Sancta Maria de Mormant, 1151 (Morment)
— Molmentensis domus, 1159 (Auberive)
— Mormentum, 1162 (Temple de Thors)
— Mormannum, 1182 (Temple de Thors)
— L'Ospital de Mourmant, 1351 (Morment)
— Mormant 1732, (Pouillé de 1732, page 129)
— Mormand, XIXe siècle (cadastre, section A)
Ps. Vous remarquerez que sur le dictionnaire topographique, le nom Morment
Sources: Dictionnaire topographique du département de la Haute-Marne, rédigé par Alphonse Roserot. Paris M. DCCCC. III.
Domaine du Temple de Mormant
L'évêque de Langres, dit Robert de Châtillon (1203-1209) a été supposé parent de saint Bernard. Cette parente purement hypothétique n'a d'autre fondement que le surnom « de Châtillon. » Or ce surnom reste plus ou moins une énigme : il peut avoir pour origine une fausse graphie ou une mauvaise lecture. Robert appartient à la maison de Tilchâtel, comme le prouvent les titres suivants.
Avant sa promotion à l'épiscopat, Robert fut successivement trésorier et doyen de Langres. Etant trésorier, il fit une donation aux Templiers de Mormant : en voici la charte :
« Ego Gerardus Dei gratia lingonensis decanus notum facio... quod Robertus de Tilicastro lingonensis thesaurarius dedit fratribus Templi quidquid calumniae et juris habebat in Dominico de Praelis (1) et uxore ejus Gondrea et liberis corum, et eos prefatis fratribus quietos clamavit...
Testes fuerunt Belinus, Ebraudus, Hunaudus presbiteri et cononici lingonenses; Rudulphus de Conflucnto (2), Hugo-Favinellus, diaconi ; Milo-Malamanus, Renaudus, Bernardus, subdiaconi ; Acelinus capellanus de Wandelencurte, Dodo Engonensis, Albericus major de Maresco.
Actum anno 1184. »
Archives de la Côte-d'Or, Ordre de Malte, Mormant, H. 1375.
1. Cf. Cartulaire du prieuré de Vignory, par J. d'Arbaumont, Langres, 1882, page 199 ; Gallia christiana IV. col. 647.
2. Coublanc, canton de Prauthoy, Haute-Marne.
Sources: Chomton, Louis - Saint Bernard et le château de Fontaines-les-Dijon : étude historique et archéologique. Tome 2, Dijon 1894 - Bnf
Date de dernière mise à jour : 03/01/2024
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