Leffonds (village de la Haute-Marne)

Hubert Aubry

L’histoire d’un maquisard

Hubert aubryLe maquis de Leffonds.
Une fin tragique 

Le 06 mai 1944 Hubert Aubry de Leffonds qui avait quitté la région pour se rendre dans le maquis de Savoie revient à Leffonds en compagnie d’un camarade Suisse pour organiser le noyau d’un futur maquis. Le maquis se constitua début juin 1944 en Haute-Marne, à l'ouest de Langres, dans le secteur des communes de Bugnières, Leffonds et Voisines. Ce maquis dirigé par Hubert Aubry était composé de jeunes maquisards encadrés par deux officiers américains parachutés dans la nuit du 1er au 2 juin avec des armes. Il s’agit d’officiers américains d’origine française de l’OSS, les lieutenants René J. Guiraud (« André »), originaire de Chicago, et Louis-Gérard V. Hyde (« Frédéric »). Constituant le circuit « Glover » du Special operations executive (SOE), ils sont les deux premiers agents des services spéciaux alliés à être parachutés, après deux faux départs, en Haute-Marne, près de Chaumont » (Blog Mémoire 52, cf. sources). « Libérer le pays du joug nazi » ». Le premier groupe de résistants, placé sous le commandement du colonel Emmanuel de Grouchy (colonel Michel dans la Résistance), arrive dans le territoire de Leffonds dès le mois de mai 1944 avec Hubert Aubry, Claude Pénègre, Daniel et Raymond Gourlin, Japhet Lanz, Pierre Demerlé, Maurice Hérault et le doyen, le capitaine des FFI, René Dassonville, ainsi que les deux officiers parachutés : André et Freddy. Hubert Aubry était originaire de Leffonds, né dans une famille de paysans. Engagé d’abord dans l’armée de l’Armistice, il en démissionna très vite.  En 1944, il entreprit un voyage en Suisse et se présenta à l’ambassade d’Angleterre pour obtenir un parachutage d’armes. Il revint en France avec un ami Suisse : Japhet Lanz. Le parachutage eu lieu le 1er juin (message : « Hubert ira à la pèche ce soir »). Le comité de réception était composé d’Hubert Aubry, Japhet Lanz et Marcel. Le reste de l'équipe ne jugea pas nécessaire de venir parce qu'ils ne s'attendaient plus à recevoir un parachutage. Ils ramassèrent huit containers et sept paquets. Seuls deux émetteurs W/T au lieu des quatre promis furent trouvés, et sur les deux un était hors de service. Toutes les batteries étaient détruites. Avec l'aide d'un capitaine de l'armée française retraité, M. Desnouveaux, de Leffonds-le-Haut, un maquis de quinze hommes fut organisé. Ils campèrent dans une cabane près de la route Bugnières-Leffonds et après dix jours, ils gagnèrent le bois de Fays. René Jean Guiraud était originaire de Chicago (Illinois). Né aux Etats-Unis, Louis Gérard-Varet Hyde était le fils d'un Américain et d'une Française. Coïncidence : son grand-père a été enseignant à Chaumont, où est né un de ses oncles. Autre coïncidence : « Glover » signifie gantier en anglais. Or Chaumont était une des capitales internationales de la ganterie. Quant au Suisse de l'équipe de réception, il s'agit de Japhet Lanz (tué un mois plus tard). Le 15 juin. Hubert Aubry et une partie du maquis eurent un engagement avec sept Allemands entrés dans la forêt et en tuèrent cinq pour la perte d'un maquisard. Le 16 juin 1944 le maquis à l’entraînement en forêt se heurta à un groupe de soldats allemands. Un maquisard originaire de Limoges, réfractaire au STO, Claude Pénègre fut blessé dans l’échange de tirs. Il fut achevé par l’officier allemand au lieu-dit Le Fays sur la commune de Leffonds, tandis qu’un de ses camarades, resté pour le secourir, Raymond Gourlin, fut fait prisonnier et déporté au camp de Neuengamme (Kommando de Wilhemshaven). Le groupe se déplaça alors et se réfugia dans la forêt de Voisines. Le groupe Aubry fusionna avec le maquis d'Ormancey composé d'étudiants de Dijon. Mais un ancien Résistant FTP, originaire de Troyes, qui avait déjà sévi dans l’Aube, capturé et retourné dénonça le maquis de Voisines. Le 30 juin, à l’aube, sur le territoire de la commune de Voisines la forêt fut encerclée par des troupes allemandes (environ 800 Vlassov avec un commandement allemand et un interprète alsacien). Un destin tragique Le 30 juin 1944, le maquis de Voisines est donc anéanti par les troupes allemandes. L’attaque a lieu à 11 heures. Six résistants furent tués au combat, onze furent capturés dont neuf immédiatement exécutés et deux déportés (un seul reviendra). Deux parvinrent à s’échapper, dont Pierre Fyot. Hubert Aubry se défendit au fusil-mitrailleur, mais le groupe fut anéanti au lieu-dit "Combe vinaigre". Hubert Aubry fut tué au combat, les armes à la main le 30 Juin 1944 à Voisines. Il est inhumé à Leffonds. Mort pour la France. Croix de Guerre. Il fut homologué au grade de sous-lieutenant des FFI.Hubertaubry1

16 juin 2024 Allocution sur la tombe d’Hubert Aubry (B.Ghiringhelli) : 5 minutes

Pourquoi restaurer la tombe d’Hubert Aubry ?
N’est-ce pas là la préoccupation de quelques nostalgiques d’un patriotisme révolu ?

Ne ferions-nous pas mieux de construire notre avenir sur l'oubli du passé. A celà, je réponds par les quelques vers de Bruno Dary
« Ta tombe nous rappelle les valeurs d’un pays

Que par l’effort de tous, la nation se construit

Que ce qui est reçu n’est pas toujours acquis

Mais doit être transmis au péril de sa vie »

Oui, « Le passé n’est jamais mort, il n’est même pas passé »

Face à la disparition des derniers témoins, la tombe d’Hubert Aubry, que Leffonds a su protéger de l’oubli, nous relate de façon tangible tout ce qui fait l’horreur des guerres mais aussi, tous ce qui fait l’honneur d’Hubert Aubry, Mort pour la France.

Afin de maintenir vivante la mémoire, Le Souvenir Français place chaque année sous les projecteurs cent figures de combattants choisies dans les cent départements de France. 
Cette année, la Délégation de Haute-Marne vous a choisi, vous, Hubert Aubry, sous-lieutenant des Forces Française de l’Intérieur mort pour la France le 30 juin 1944.
Hubert ! Tu es né le 15 mars 1923. Tu es le troisième enfant d’une fratrie de quatre. Ton père est garde-chasse tandis que ta mère tient le Cheval Blanc, l’hôtel restaurant du village en plus de posséder quelques vaches.

1936, l'obtention de ton certificat d’étude marque tes débuts dans la vie active.

Travaux des champs, aide au restaurant, petits boulots et chasse avec ton frère de dix ans ton ainé. Ton adolescence est heureuse et tu es décrit par ton entourage et ta famille comme un garçon plein d’énergie, déterminé, volontaire et ayant du cran. C'est pendant cette période que tu te forges dans Leffonds de solides amitiés qui te serviront lorsque tu entreras dans la clandestinité.
Avant cela, à 18 ans, tu t’engages dans l'armée d'armistice. Désireux de servir dans la marine, tu es pourtant affecté au 25e Bataillon de Chasseurs Alpins à Hyères dans le Var.Fin 1942, après la dissolution de l'armée d'armistice, ne supportant pas de vivre sous le joug ennemi, tu tentes de gagner l’Afrique du Nord mais les Italiens t’arrêtent à Marseille.
Peu importe !  Tu t'évades et rejoins ta famille à Leffonds.
En 1943, tu gagnes la Suisse puis très vite, désireux de rentrer en lutte contre l’occupant tu rejoins le maquis de Trévignin en Savoie ou tu t’inities à la lutte clandestine. Début mai 1944, tu te rends à nouveau en Suisse et chose incroyable, tu convaincs les britanniques d'effectuer un parachutage en vue de la création, chez toi, à Leffonds, d'un maquis. Te voilà le chef du premier maquis FFI de Haute-Marne et en t’engageant ans la Résistance, tu laisses derrière toi ta famille et l’avenir auquel tu étais promis.

Le 30 juin 1944, attaqué par 800 Allemands venu vous débusquer toi et tes frères d’armes, tu trouveras la mort les armes à la main au côté de quinze de tes camarades.
Tu seras élevé au grade de sous-lieutenant FFI et décoré à titre posthume de la croix de guerre avec palme. Aujourd’hui, 16 juin 2024, cet hommage, se moment de recueillement sur ta tombe, ont, comme au premier jour, une portée symbolique puissante.
Hubert, vous n’étiez pas un homme ordinaire.

Nous ne commémorons pas votre infortune mais célébrons votre courage extraordinaire et la générosité de votre engagement.

Par notre présence nombreuse, par la présence des drapeaux, nous vous réaffirmons notre reconnaissance. La reconnaissance de la Nation…A nous le souvenir, A vous l’immortalité….

Nous réaffirmons également les valeurs que vous nous avez léguées au prix de votre vie. Celles de la République, inscrites dans sa devise et qui sont aussi les nôtres.« Liberté – égalité – fraternité »

16 juin 2024 Allocution à la stèle du Fays (Patricia Schnepf-Gourlin fille de Raymond Gourlin, résistant du maquis, reprenant les mots de Raymond Gourlin son père aujourd’hui dcd ) 5 minutes
Claude, c’est à cet endroit où nous sommes réunis aujourd’hui que les nazis t’ont lâchement assassiné devant moi, après t’avoir fait tomber de la charrette qui te transportait.

Ce 16 juin 1944, nous ne sommes qu’une poignée de résistants en ces lieux avec deux officiers américains parachutés avec armes et bagages au cours de la nuit du 1 au 2 juin. Cet après-midi-là, Hubert Aubry, Claude Pénègre, Pierre Demerle et moi, attendons au bord de la route des jeunes de Leffonds qui doivent nous ravitailler en eau potable. A leur place, ce sont des Allemands qui débarquent. Retour rapide au camp, Hubert, Claude, PIerre et moi restons pour protéger la retraite de notre groupe. L’engagement a lieu et Claude est blessé. L’entendant crier, je me précipite vers lui et l’entraîne le plus loin possible pour le mettre à l’abri. Malgré mes efforts pour obtenir du secours, je ne peux le sauver, les Allemands l’ont découvert et transporté autre part. Revenu sur place, j’entends un cliquetis d’armes et j’ai juste le temps de laisser tomber mon pistolet dans l’herbe et mettre mon pied dessus. Je suis fait prisonnier. Je découvre Claude allongé sur un charriot réquisitionné à Bugnières. L’officier fait tomber brutalement Claude et me regardant dans les yeux, l’assassine d’une balle dans la tête.

C’était il y a 80 ans ; ici tombait sous les balles allemandes Claude Pénègre. C’était sa guerre et aussi la mienne. Nous combattions le même ennemi. Nous nous connaissions très peu. Claude, tu étais arrivé quelques jours après moi dans ce maquis et tu étais de ceux qui avaient aussi choisi de dire non à l’occupant nazi, en prenant les armes pour les chasser.

Qui étais-tu Claude Pénègre ?

Un jeune homme venu de Limoges, animé de patriotisme, réfractaire au service du travail obligatoire en Allemagne. Un jeune garçon épris de liberté, de cette liberté qu’il voulait voir à nouveau sur la France. Un Français plein d’élan, engagé volontairement dans une lutte inégale pour délivrer notre patrie du joug des nazis et des collaborateurs de ces années noires. C’est ainsi que tu choisis ce petit coin de territoire Haut-Marnais où, il y a 80 ans, se formait un maquis sous le commandement de Hubert Aubry de Leffonds et de deux officiers américains André et Freddy. Soldat de l‘ombre, tu aurais pu participer à la libération de cette magnifique région si, en cet après-midi du 16 juin 1944, à l’emplacement où nous sommes réunis, les nazis ne t’avaient brutalement retiré la vie en t’assassinant. Tu m’as peut-être sauvé la vie en te portant secours, mon nom aurait pu figurer sur le monument de Voisines à côté de mon frère et de mes camarades. Claude si nous sommes libres aujourd’hui, c’est grâce à ton courage. Tous les ans, ton souvenir est commémoré par les habitants de Bugnières et de leffonds et ta mémoire transmise fidèlement aux jeunes générations afin qu’elles sachent que la liberté se mérite et que le combat est dur pour la conserver.
Que les habitants et surtout les jeunes de ces deux communes se souviennent qu’un jour de juin 1944, un jeune homme de 20 ans a donné sa vie pour qu’ils puissent vivre libres. Qu’ils sachent aussi que chez eux, des femmes et hommes de ces deux communes, ont, au risque d’être fusillés ou déportés, ravitaillé ce maquis. Je leur rends hommage.

Ces 80 dernières années passées ne m’ont pas permis d’évacuer ces souvenirs et si je ferme les yeux, je revis cette tragique journée du 16 juin où j’ai dû rester impuissant devant l’assassinat de Claude.

De ce maquis, je ne voudrais pas que l’on oublie son fondateur Hubert Aubry, de même que sa sœur Lucie Cousin et Robert Devilliers qui, à leurs risques et périls, venaient nous ravitailler en nourriture et en eau. Je revois encore Lucie avec sa bicyclette et sa remorque chargée de marmites cuisinées dans la nuit.

Maintenant, Claude, continue de reposer en paix, nous ne t’oublions pas.

Hommage à Hubert Aubry le 16 juin 2024

Le Souvenir Français place chaque année sous les projecteurs cent figures de combattants choisies dans les cent départements de France. Cette année, la Délégation de Haute-Marne a retenu Hubert Aubry sous-lieutenant des Forces Française de l’Intérieur mort pour la France le 30 juin 1944, dans les combats qui conduisirent à l'anéantissement du Maquis. Ce dimanche 16 juin un hommage lui a été rendu sur sa tombe, récemment restaurée au titre de la sauvegarde du patrimoine, au cimetière de Leffonds. Ce témoignage est le premier d’une série, qui sera suivie le 29 juin à Vauxbons, par l’inauguration d’une exposition qui lui sera consacrée et une autre, le 30 juin à Voisines concernant le maquis de Voisines dont il a été le chef de ce mouvement de résistance. Pourquoi restaurer cette tombe ? à cela Bruno Ghiringhelli rappelle les mots de Bruno Dary : « Ta tombe nous rappelle les valeurs d’un pays. Que par l’effort de tous, la nation se construit. Que ce qui est reçu n’est pas toujours acquis mais doit être transmis au péril de sa vie ». Face à la disparition des derniers témoins, la tombe d’Hubert Aubry, que Leffonds a su protéger de l’oubli, nous relate de façon tangible tout ce qui fait l’horreur des guerres mais aussi, tous ce qui fait l’honneur d’Hubert Aubry, Mort pour la France.  Etaient présents : Bruno Sido sénateur de la Haute-Marne, Raphaël Mercier, directeur de l’Office National des Anciens Combattants (ONAC), Yves Chaumet, Président de l’association des anciens combattants du secteur d’Arc-en-Barrois, Daniel Marchal président, du souvenir français du Canton D’Arc en Barrois, Roland Belbezier, Délégué général de Haute-Marne du Souvenir Français,  Mariette Voillot, maire de Leffonds, Guy Jacob, maire de Bugnières, Marie-Claude Lavocat, maire de Chateauvillain, Bruno Ghiringhelli, Président de l’entente Langroise des associations patriotiques et Président du comité Langres-Auberive du Souvenir Français. Ce dernier a orchestré cette cérémonie en présence des membres de la famille d’Hubert Aubry et de Patricia Schnepf-Gourlin fille de Raymond Gourlin, résistant du maquis, un des rares rescapés du maquis de Voisines-Leffonds. Une grande délégation des porte-drapeaux du secteur étaient sur place. Ils se sont rendu ensuite sur la tombe d’André Sermage, récemment disparu, qui avait servi comme porte-drapeaux durant de nombreuses années dans tous les villages du canton. Tout le monde s’est ensuite dirigé sur la stèle du Fays pour un hommage à Claude Pénègre assassiné par les allemands le 16 juin 1944.

Date de dernière mise à jour : 30/06/2024

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