Leffonds

Sylvie Meilley une artiste au regard nostalgique

Souvenir heureux

Sylvie Meilley, une artiste au regard nostalgique sur son passé et une belle promesse pour l'avenir dans son nouvel atelier aux peintures toutes fraiches.

Sylvie Meilley, depuis sa plus tendre enfance n'a vécu que pour le dessin et la peinture. Elle a tout de suite su qu'elle allait y prendre du plaisir. Dans son cerveau c'était acquis. Le sien adorait dessiner et elle ne s'est pas privé de se servir de cet outil d'épanouissement. Autour d'elle il y a eu, surtout dans son enfance, des éléments, des situations, des émotions, qui ont toujours mis son intelligence en mouvement. Le simple fait de créer via le dessin ou la peinture déclenche un état de joie et de bien-être. « Aujourd'hui encore, je me dis souvent que si je n'avais pas connu l'école en étant enfant je ne me serais jamais ennuyée ! Il n'y a pas un seul endroit au monde ou je n'ai connu autant de frustrations. Je ne veux pas apprendre à écrire. Je veux dessiner à chaque fois que l'on me donne une feuille. Le dessin est une forme d'exutoire à l'enfermement que m'impose l'école. Je prends de l'école uniquement ce qui m'intéresse. A la maison lorsque c'est l'heure des devoirs, je cherche à m'acquitter le plus vite possible de mes exercices car je sais que dans le grand placard mural de la salle à manger m'attend le cahier à dessin et la palette de gouaches. Je vais chercher ma poupée, seule membre de la famille capable de rester immobile, et je l'installe au bout de la table de la cuisine pour faire son portrait. Je passe un temps infini à dessiner, à gommer, à recommencer au besoin sur une autre feuille. Je l'ai si souvent dessinée qu'aujourd'hui je pourrais recommencer de mémoire. Il y a de la magie dans les crayons. Je m'intéresse à l'histoire à travers des reproductions de tableaux plutôt que d'apprendre par coeur de longues listes de dates rattachées aux événements. Au collège, durant toute cette période, je dessine et je peins à la gouache après les cours. Les copines me demandent des agrandissements des pochettes de disques de leurs idoles pour en tapisser leur chambre, des fleurs pour la fête des mères. Ce que je préfère, c'est peindre les carreaux d'un centimètre d'une feuille au format A4. Chaque carreau doit être d'une couleur différente. C'est la punition que donne notre professeur d'art-plastique à tous les élèves chahuteurs. N'étant pas assez punie à mon goût, j'exécute les punitions des copines avec plaisir. J'adore ce travail de recherche des couleurs. Je passe les années suivantes dans un lycée d'enseignement technique. Pendant les poses ou durant l'absence d'un professeur, je ne perds pas une minute. Je lis, ou je dessine. On y apprend que nous pouvons et devons compter que sur nous-mêmes. C'est alors que je décide de préparer le concours des Beaux-Arts, et j'ai la sensation que c'est ma vie qui est en train de se jouer. Ce n'est pas simple, et plein d'imprévus Le concours se déroule sur une semaine. Le jour des résultats, je m'aperçois que mon nom est le premier tout en haut de la liste. Les deux premières années sont appelées « probatoires Je découvre que j'ai tout à apprendre et que je dois désapprendre ce que je pense connaître. Je suis bouleversée par le premier cours d'analyse. Je ne m'attendais pas à une telle complexité. Des tableaux qui me semblaient anodins prennent une ampleur extraordinaire dans l'intérêt que je leur porte désormais. Je suis entrée dans un monde magique et insurmontable. A la fin de ma troisième année, mon professeur me fait comprendre que je dois redoubler, je décide alors de ne plus mettre les pieds aux Beaux-Arts. Je change de direction en préparant le concours d'entrée à l'Ecole Normale et après trente années d'enseignement, de joie et de réconciliation avec l'école, à soixante-deux ans, je « raccroche » le cartable de !'Education Nationale. J'ai maintenant mon cartable rempli de peintures acryliques et d'aquarelles, ainsi que tout le matériel pour peindre que je peux emporter partout à tout moment. Je savais que reviendrait le temps de peindre, que je pourrais à nouveau y consacrer la plupart de mes journées. »
« En entrant dans mon atelier ce matin, je suis attirée par le portrait d'une petite fille réalisé à la mine de plomb voici bien longtemps. Aujourd'hui, le moment est venu de la retrouver. Je l'ai à nouveau prise par la main et emmenée vers les volets ouverts de ce nouvel atelier. Et moi, je te promets petite fille que je ne te lâcherai plus jamais la main. Tu verras, au fond, la peinture est un jeu d'enfant.
L'Atelier sera ouvert les samedi dimanche 22 et 23 avril ainsi que le dimanche 14 mai (jour du vide grenier) de 10h à 18h à LEFFONDS au 3 rue du pré noyé. D'autres dates d'ouverture seront prévues tout au long de l'année mais vous pouvez aussi prendre rendez-vous en me passant un petit coup de téléphone au 07 70 16 95 82.
C'est avec grand plaisir que je vous y accueillerai. »

Rencontre avec une artiste peintre Sylvie Meilley.

Une vie dessinée comme une œuvre d'art.

Comment êtes-vous venue à la peinture ?

« Je le dois à mon père. Ma destinée, je l'ai tracée dès mon plus jeune âge. J'ai grandi auprès d'un père bricoleur, qui réparait tout ce qui tombait en panne et qui aimait les bandes dessinées. Il en reproduisait les personnages et j'ai découvert avec lui comment les reconstituer, formes et couleurs. J'ai toujours aspiré disposer de miniatures, de pastilles de gouache pour m'exprimer. »

Comment avez-vous concilié l’école et votre passion pour la création ?

« J'ai dû composé avec les jouets de mon frère et les pièces détachées de toutes sortes que mon père ramenait de son travail. Un rien m'occupait et si je n'avais pas connu l'école je ne me serais jamais ennuyée. En classe pour pouvoir disposer de tout un fatras d'outils et de matériaux consacrés aux travaux manuels, il fallait avoir terminé son travail avant les autres, et je n'ai jamais été de ceux-là. Je prenais de l'école que ce qui m'intéressait. »

Et à la maison ça se passait comment ?

« A la maison je me dépêchais de faire mes devoirs, mamie me servait de maîtresse durant les vacances scolaires. J'ai appris à écrire, à recopier des poésies, à imiter les écritures de mon oncle qui m'a communiqué ce plaisir de lire et d'apprendre. »

Comment s’est déroulé votre scolarité ?

« Au collège, j'ai découvert les cours d'arts plastiques, de sciences, de musique, de technologie, d'art dramatique. Durant toute cette période j’ai dessiné et peins à la gouache après les cours. Les copines me demandaient des agrandissements des pochettes de disques de leurs idoles pour en tapisser leur chambre, des fleurs pour la fête des mères. Je me faisais payer ces petits travaux au prix du papier. »

« Au lycée, pendant les poses ou durant l'absence d'un professeur, je ne perdais pas une minute. Je lisais, ou je dessinais. »

Avez-vous suivi une école d’art ?

« Oui, je voulais rejoindre une école d'art et je me suis inscrite au concours des beaux-arts. Le concours se déroulait sur une semaine et le jour des résultats mon nom était inscrit sur le tableau des heureux élus en haut de la liste. Les deux premières années sont appelées « probatoires ». J’ai découvert surtout que j'avais tout à apprendre et que je devais désapprendre ce que je pensais connaître. Je suis bouleversée par le premier cours d'analyse. »

Etait-ce une période compliquée ?

« Je ne m'attendais pas à une telle complexité. La tâche me paraissait souvent insurmontable. Aux beaux-arts chacun était dans sa bulle et la bienveillance faisait défaut. Je suis entrée en troisième année pour démarrer une spécialisation. Ce sont des années de travail, et de découragement. Notre professeur d'analyses en a découragé plus d'un. A la fin de cette troisième année, je lui ai présenté mon dernier travail qu'il a rejeté catégoriquement en m’annonçant que je devais redoubler. »

Qu’elle a été votre comportement ?

« Cela a été comme un étau qui était venu me serrer la gorge et je lui ai déclaré que j'abandonnais et que je ne remettrais jamais plus les pieds aux beaux-arts. »

Quelle orientation avez-vous prise après cet abandon ?

« Pendant plusieurs années, avec mon compagnon, nous vivions dans une grande caravane que nous faisions déplacer chaque année au grès de ses prises de fonctions dans l'Education Nationale. J’ai alors décidé de reprendre mes études en m'inscrivant aux cours par correspondance du CNTE de Vanves pendant deux ans. La troisième année, j’ai suivi les cours de préparation au concours d'entrée à l'Ecole Normale et je me suis 'inscrite à un atelier théâtre. »

Etait-ce un nouveau tournant ?

« Oui, J’ai joué en amateur plusieurs pièces en créant les costumes et dans la foulée j’ai obtenu mon premier poste à l’Education Nationale. »

Quel est votre regard sur ce passé ?

« Durant trente ans, j’ai mis au cœur de mon enseignement, les arts-plastiques, le chant et le théâtre. Pour moi, ma classe devait être une œuvre d'art. Enseigner est un art et je rentrais en scène chaque matin. J’étais à ma place. »

Et maintenant c’est quoi votre quotidien ?

Aujourd'hui, j'ai raccroché le cartable de l'Education Nationale mais j'ai d'autres besaces et d'autres outils et je continue de travailler. J'ai maintenant mon sac rempli de peintures acryliques et d'aquarelles, ainsi que tout le matériel pour peindre que je peux emporter partout à tout moment. J'ai toujours su que reviendrait le temps de peindre, que je pourrais à nouveau y consacrer la plupart de mes journées. Entre les soirées littéraires, les concerts, le jardinage, je n'ai pas oublié non plus le bricolage que je tiens de mon père. La maison elle aussi m'inspire et j'y passe des heures de restauration. »

Date de dernière mise à jour : 01/10/2024

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